La boucherie

couv_boucheriepinceauThibault Poursin
aux éditions Les Enfants Rouges

Format : 15 x 21 cm
Nombre de pages : 128
ISBN / EAN : 978-2354190057
En librairie le 11 avril 2007
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Résumé :

Nous sommes dans un village comme il en existe encore. Rien ne se passe et les habitants commencent à s’ennuyer ferme. Toute la population a pour habitude de se retrouver au « Penalty », le bistrot du coin et de refaire les événements de la journée. Il y a là deux personnages phares : Mme Lenoir, une casse-pieds irrésistible et d’une naïveté touchante et le boucher, un brave homme au bord de la dépression.

« La boucherie » est une histoire sur les rapports humains. Le ton est souvent cocasse, burlesque parfois cruel, proche des films de Tati. Les personnages parfois caricaturaux sont très attachants et les gags bien construits sont souvent poétiques.

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Critiques :

Si Loïc Dauvillier avait déjà sévi, avec bonheur, dans plusieurs maisons de qualité, on découvre avec plaisir ce premier essai de Thibault Poursin. Petit tour d’horizon d’un coin paumé comme on n’ose plus y croire depuis le milieu des années 1960, mais qui en cherchant bien existe encore. « Pittoresque », dirait-on avec un sourire entendu. Le « Penalty », le bistrot local, est comme il se doit le poumon du village. Y défilent des personnages hauts en couleur, dont les états d’âme et les rancoeurs animent toutes les conversations, sous l’oeil débonnaire d’un barman élevé au rang d’arbitre. Naturellement, les caractères s’échauffent dans ce vase clos et les vérités blessent plus sûrement que les chauffards qui s’amusent à épouvanter les vieilles dames sur les passages piétons. Un homme sort du lot. Sa condition de boucher doublé de médecin fait de lui un fin connaisseur des hommes au plus profond de leur chair. Pour rendre plus palpable cette ambiance monotonement conflictuelle, Thibault Poursin a opté pour un dessin en noir et blanc dans lequel les corps s’affaissent au rythme des habitudes. Un dessin sans fioritures, égal en cela à la spontanéité toute villageoise de ce bout de terrain, parfaite autarcie où se jouent des drames universels. La peur et le refus de la mort, la jalousie, l’amour y prennent une résonance particulière quand ils prennent place dans le plus commun des décors. Ces personnages, aussi différents qu’attachants, deviennent les reflets de nos pulsions cachées. Il ne se passe, étrangement, rien, et malgré cela on lit l’album d’un trait, jusqu’à l’image finale, véritablement empreinte de poésie et de rêverie.

Mathieu Laviolette-Slanka –evene.lefigaro.fr

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A la lecture de « La Boucherie » de Loïc Dauvillier et Thibault Poursin je me suis remémoré un sketch de « sept jours au Groland ». Je ne sais pas si les auteurs prendraient ça comme un compliment mais ils devraient. Dans ce sketch on découvrait une conspiration des vieux de toute la terre pour nous faire chier nous, pauvres jeunes. Une organisation folle avec caméras de surveillance et oreillettes permettait aux vieux de prendre l’ascenseur juste sous notre nez, de passer devant nous aux caisses des supermarchés etc… Le tout avec l’exaspérante lenteur de leur espèce (une façade, évidemment). Au delà de l’énormité de la chose, ce sketch parlait au paranoïaque qui sommeille en nous et qui à connu le supplice de l’autocollant pour pare choc « je suis peut-être lent, mais je suis devant vous ».

Un esprit assez similaire flotte donc sur « La Boucherie », album dans lequel tout un village de campagne s’en fait pour le boucher qui déprime parce qu’il est aussi le médecin local mais manque d’action dans ce second job. La suite se déroule comme une blague noire racontée avec beaucoup de détails. Il y a une grande justesse dans les personnages, les dialogues et la description d’un microcosme rural vu avec l’oeil d’un paranoïaque urbain qui regarderait trop le JT de Jean Pierre Pernaud, comme son homologue des campagnes qui y regarde les voitures brûler dans les banlieues avec la carabine sur les genoux.

 

Le dessin plein de micro hachures de Thibault Poursin fait mal au canal carpien rien qu’a le regarder mais il faut lui reconnaître un certain talent pour créer des personnages aux tronches pas croyables et étrangement familières. La même réalité exsude des décors, leurs ombres elles aussi sculptées avec minutie au rotring. Dans cet environnement si laid où les clients-patients du boucher-docteurs ressemblent finalement beaucoup aux bouts de viande qui l’ennuient tant, une blague, aussi noire soit-elle, c’est toujours ça de pris.

Cédric Le Merrer – fluctuat.premiere.fr
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Liens :

Thibault Poursin : http://thibaultpoursin.weebly.com/
Les Enfants Rouges : http://enfantsrouges.com/

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